Daniel
Bonci Psychanalyste
Miroir
Stade du miroir,
première étape décisive de la structuration
du sujet, selon Jacques Lacan, et qui prend place vers le milieu
de la première année (entre six et dix huit mois),
lorsque l'enfant commence à reconnaître son image
dans le miroir, ce qu'il manifeste par des signes d'extrême
jubilation, repérables pour son entourage. La
reconnaissance de sa propre image n'est cependant pas
particulière à l'homme; des expériences de
psychologie animale ont montré que l'ovulation chez la
pigeonne se produisait lorsque celle-ci pouvait voir sa propre
forme dans un miroir, l'image spéculaire pouvant être
remplacée par un leurre, une autre femelle ou un mâle
séparés de la pigeonne par une plaque de verre.
L'imago est donc repérable dans l'animalité, mais
c'est autre chose qui caractérise le stade du miroir. En
effet, la particularité de l'espèce humaine est de
naître inachevée notamment du point de vue du
système nerveux et, au moment du stade du miroir, l'enfant
ne marche pas et ne parle pas toujours; il y a donc anticipation
d'une forme qui n'est pas encore achevée. Si toute
fonction de l'imago est d'établir une relation entre
organisme et monde extérieur, chez l'homme cette relation
est altérée par la discordance de l'inachèvement;
et, par le stade du miroir, l'enfant projette pour la première
fois une forme de sujet, première matrice symbolique qui
rendra possible son rapport à l'autre et son passage au
langage. Le stade du miroir est donc bien plus qu'une simple
reconnaissance; il est le signe manifeste de la structure, formée
par le symbolique {émergence du sujet comme tel},
l'imaginaire {image projetée} et le réel {distance
entre miroir et sujet}.
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