Daniel Bonci Psychanalyste

Incorporation

L'incorporation désigne au départ un phénomène relevant du stade oral et concernant la bouche et ses activités: avalement, succion, dévoration. La métaphore amoureuse de la dévoration, si bien illustrée par le mythe grec de la mort d'Achille (dévoré par son amante Penthésilée, reine des amazones), montre que la relation à l'objet du désir peut retourner à cette forme de relation d'objet. Elle permet aussi de comprendre que le plaisir de l'incorporation n'est pas séparable de la destruction de l'objet, mais qu'en même temps, comme dans tout phénomène de cannibalisme, réel ou métaphorique, il s'agit de conserver les propriétés essentielles de l'objet incorporé. L'incorporation n'est cependant pas restreinte à l'activité buccale, mais s'étend normalement à tous les points de pénétration sur le corps; c'est ici qu'entrent en jeu les zones érogènes. Celles-ci sont déterminées par les << bords >> du corps: <>, dit Jacques Lacan, tentant de ne pas limiter les zones d'incorporation possibles aux orifices culturellement tenus pour être lieux d'érotisation possibles. Le registre des névroses et de leurs fantasmes montre bien que le désir peut se fixer partout où une coupure existe sur une surface, celle du corps. L'incorporation est donc, fondamentalement, le rapport érogène du corps aux autres corps.

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